SANTANA – SANTANA 3

Je m’aperçois que je n’ai encore jamais chroniqué d’album de Santana alors qu’il fait partie de mes artistes préférés. Disons de mes trente ou quarante préférés.
Il y a au moins trois albums de lui, peut-être même quatre, que je rangerais dans la catégorie des 100 disques à emporter sur une île déserte au cas où les circonstances me contraindraient à un choix aussi déchirant, mais j’espère ne jamais en être réduit à une telle extrémité ou bien ça voudrait dire que dieu n’existe pas.

Pourquoi avoir tant tardé à abordé l’œuvre prolifique et protéiforme de Santana alors que j’ai déjà commis plusieurs chroniques sur des artistes ou des groupes nettement plus obscurs et nettement moins bankable que lui, comme Aphrodite’s child, les Dead Kennedys ou Manowar ?

Tout simplement parce que Santana est un type sans intérêt. Un gars sans histoire. Un jeune homme poli, qui croit en Dieu et ne dit pas de gros mots. Il ne fume pas, ne boit pas et ne se drogue pas. Il est tellement discret qu’une recherche « Google image » donne des résultats décevants : une fois que vous avez enlevé les photos récentes et celles qui ont été prises à Woodstock en 1969, il ne reste quasiment plus rien. Et même celles-là sont souvent redondantes. Je précise en passant que j’ai pu dégoter certaines photos rares sur le très intéressant site internet consacré à Carlos Santana : Santanamigos

Les photos récentes le montrent en général concentré sur sa guitare, presque en train de méditer. Toujours avec un chapeau, un bandana ou un bonnet pour cacher sa calvitie. Santana a effectivement un secret honteux : il est coquet. Autre trait de personnalité saillant : Santana a toujours porté la moustache. Je mets au défi quiconque de trouver une photo de lui imberbe. Je suis presque sûr qu’il est né avec la moustache.

Pour dire les choses simplement : Santana est chiant comme un mormon. Et encore, les mormons sont polygames alors que Santana n’a qu’une seule femme et qu’il ne la trompe pas. Vous allez me demander comment je sais ça… Désolé, je dois protéger mes sources! Mais si vous avez des doutes, lisez la notice Wikipédia (en anglais) consacrée à Santana. La rubrique « Personnal Life » tient en 5 lignes et demie. On y apprend qu’il a épousé Deborah King en 1973. Ils ont eu trois gosses (le plus vieux a 37 ans). Ils ont divorcé après 34 ans de mariage. Il s’est remarié trois ans plus tard avec Cindy Blackman, sa batteuse (je veux dire celle qui joue de la batterie). Vous pensez qu’il a largué la vieille pour épouser une jeunette ? Perdu : sa première femme était née en 1951; la seconde n’a que huit ans de moins et déjà cinquante ans au compteur lorsque Santana commence à lui compter fleurette (lui en a alors 63). Ça fait un peu « L’amour au troisième âge », vous ne trouvez pas ?

Ah, dans la notice Wikipédia il y a quand même une information un peu plus graveleuse : on y apprend (de manière détournée) que Santana est d’origine mexicaine (la notice dit juste qu’il a été naturalisé étasunien en 1965, donc à l’âge de 18 ans). Mexicain donc! On pense aussitôt trafiquant de drogue (ou d’organes), enfance misérable, gamin des bidonvilles, pieds nus avec son poncho, mangeant les restes de tacos qu’il trouve dans les poubelles… Encore perdu. Ses parents sont relativement aisés. Son père est un musicien professionnel qui gagne assez bien sa vie pour que le gamin suive des cours de violon et de piano dès l’âge de cinq ans. A huit ans, il commence à apprendre la guitare classique. Il passe peu après à la guitare électrique et il passe également de l’autre côté de la frontière aux alentours de l’année de ses 17 ans.

Carlos Santana en 1958 à l’occasion de sa première performance public lors d’une fête d’anniversaire. Il a alors 11 ans. (accessoirement, cette photo prouve que Santana a toujours eu une moustache ou alors qu’il était très précoce, ou alors que quelqu’un à truqué la photo)

 

Santana en 1962, à San Francisco, répétant avec l’un de ses premiers groupes. Le groupe n’a même pas de nom (ou du moins personne n’en a retenu le nom).

Bon, on peut supposer qu’à partir de là il a dû bouffer de la vache enragée : petit immigré vivant de la guitare dans les bars de San Francisco. On l’imagine, comme les Rolling Stones, les Beatles, Alice Cooper, et tous ces grands musiciens qui ont connu des années de galère avant de percer, qui ont failli plusieurs fois tout abandonner, qui ont dû déménager à la cloche de bois ou voler des instruments dans les coulisses des salles de concert parce qu’ils n’avaient plus une thune. Rien de tout ça pour Santana. Son parcours du combattant s’est limité à faire la plonge pendant quelques mois au drive-in Tic Tock’s (5411, 3rd Street, San Francisco).

Subissant l’influence pernicieuse des États-Unis, le petit immigré propret abandonne la chemise blanche et devient un vrai Thug Life

Il fonde le Santana Blues Band au cours de l’année 1966. Moins de deux ans plus tard il joue déjà au Matrix de San Francisco (où les effluves de whisky laissées par les Doors et par Janis Joplin, qui viennent d’y passer, ne sont pas encore dissipées), il joue à l’Avalon Ballroom (un semaine pile avant qu’Alice Cooper y passe). Encore un an et il est suffisamment célèbre pour être invité à Woodstock où il délivre une prestation de feu qui le propulse au firmament du rock.

Le Santana Blues Band à Woodstock le 16 août 1969

A ce moment là il est déjà sous contrat avec Columbia et vient de publier son premier album (« Santana », 1969) dont les ventes vont exploser grâce au retentissement de Woodstock. La suite est connue : 41 albums (en s’arrêtant à « Africa speaks », 2019), 13 disques live (officiels), des vidéos à foison, probablement plus de 1000 bootlegs, intronisation au Hollywood Walk of Fame en 1997 (les fameuses étoiles sur le trottoir)… La canonisation est proche.

Bon assez parlé de Santana l’individu, dont on voit que même s’il n’y a rien à en dire j’arrive à tartiner pendant trois pages. Abordons le plus intéressant : l’œuvre !
Il m’est très difficile de choisir un album plutôt qu’un autre dans sa discographie aussi prolifique que variée.
(J’en profite pour mettre les choses au point un fois pour toute quant à la manière de désigner l’objet qui nous intéresse : par Santana j’entends à la fois le musicien Carlos Santana et le groupe (Santana Blues Band) qu’il a animé entre 1966 et aujourd’hui.

Le Santana Blues Band en 1969 (de gauche à droite, Michael Shrieve (batterie), Carlos Santana, Gregg Rolie (clavier + chant), Jose “Chepito” Areas (percussions), David Brown (basse) et Michael Carabello (percussions). Un groupe multiethnique qui rappelle un peu le grand précurseur Sly and the Family Stone.

Sur Wikipédia il y a une fiche distincte pour le Santana Band et une pour Carlos Santana et une discographie distincte aussi, ce qui rend compliqué de s’y retrouver. L’animal a en effet multiplié les participations et les projets solos, parfois lorsque son groupe était en sommeil, parfois tout en jouant dans le même temps au sein du groupe. Le plus simple est de réduire Santana à son plus petit dénominateur commun : le guitariste lui-même. Après tout, c’est ce son de guitare unique qui donne à sa musique sa personnalité, qu’il s’agisse de latin-soul, de hard rock, de variété ou de jazz fusion. Santana a abordé tous ces styles (et d’autres encore), généralement avec bonheur même si certaines expériences ont accouché de disques pénibles.

La première période, que je qualifierais de « rock psychédélique latino », est celle qui va nous intéresser ici. C’est peut-être la plus originale de toute sa carrière, en tout cas la plus enthousiasmante de fraîcheur et de vivacité. Elle dure de 1968 à 1971, mais nombre des chansons écrites à cette époque ont ensuite continué à être jouées en concert, parfois dans des versions assez différentes de celle des origines.

Le premier album. Le dessin de la pochette (réalisé par Lee Conklin) comprends plusieurs éléments cachés. Saurez-vous les retrouver ? Solution du jeu dans le prochain numéro.

Au cours de ces quatre années, Santana a publié l’un de ses albums les plus célèbres « Abraxas » (son deuxième), remarquable pour sa belle pochette empruntée au peintre allemand Mati Klarwein, mais pas seulement.

L’illustration est un tableau de Mati Klarwein intitulé L’Annonciation, datant de 1962. Le titre de l’album est tiré d’une phrase du roman d’Herman Hesse, « Demian ». Abraxas est un terme grec désignant une divinité gnostique, une amulette ou les 365 émanations du dieu suprême.

Le troisième album est mon préféré. Il porte le titre extrêmement original de « Santana », mais en général on l’appelle Santana 3 pour le distinguer du premier album, qui s’appelait aussi « Santana ». Carlos Santana serait-il un peu narcissique ?

Le titre « Santana », ou parfois « Santana 3 », voire « Santana III », n’apparaît que sur certaines éditions. La version originale ne portait aucune inscription. Ici, la pochette dépliée. On voit que le groupe est en plein dans sa phase psychédélique.

Je disais un peu plus haut que Santana était chiant comme un mormon, ce n’était pas tout à fait exact. Niveau bondieuserie, il est pire qu’un mormon. Il a suivi l’enseignement du gourou Sri Chinmoy, qui lui a donné son nom mystique, « Devadip Santana », nom que l’on retrouve sur les pochettes de certains de ses albums solo à partir de 1973. Le gourou apparaît même en photo sur l’album « Love Devotion Surrender » (1973). Je ne parle même pas des nombreuses chansons de Santana dont le titre ou les paroles parlent de Dieu. Mais bon, ce n’est pas pour ses paroles qu’on l’écoute. D’ailleurs, il n’y en a pas beaucoup (des paroles).

Le dos de la pochette de l’album « Love Devotion Surrender » (1973). Voici la critique que Robert Christgau a donné de cet album de jazz rock sur son site (je la cite dans son intégralité) : « On the back cover is a photograph of three men. Two of them are dressed in white and have their hands folded – one grinning like Alfred E. Neuman, the other looking like he’s about to have a Supreme Court case named after him: solemn, his wrists ready for the cuffs. In between, a man in an orange ski jacket and red pants with one white sock seems to have caught his tongue on his lower lip. He looks like the yoga coach at a fashionable lunatic asylum. Guess which one is Sri Chinmoy » https://www.robertchristgau.com/get_artist.php?id=3647&name=Carlos+Santana%2FMahavishnu+John+McLaughlin

L’album « Santana 3 » débute justement par un instrumental. On entend d’abord des percussions, rejointes par un riff de basse puis par des guitares électriques saturées qui tissent petit à petit la toile mélodique du morceau. Cet instrumental sert de prétexte à plusieurs solos de guitare assez inspirés. Il y a un autre instrumental dans le même genre sur cet album. Il s’agit de l’excellent « Jungle Strut ». Deux autres titres sont des semi-instrumentaux. C’est-à-dire qu’on y trouve des voix qui récitent une sorte de mantra en espagnol mais pas vraiment des paroles. Ce sont les morceaux « Toussaint l’ouverture » et « Para los rumberos ». On peut même ajouter deux instrumentaux de plus si on compte les titres bonus ajoutés sur l’édition Legacy, qui furent enregistrés au cours des mêmes sessions : « Gumbo » et « Folsom Street ».
Le premier album, celui de 1968, comportait encore plus de titres instrumentaux. En fait, sur 9 titres, il n’y en avait que trois avec des vraies paroles.

Importance des percussions, rythmes latins, prédominance des instrumentaux, large place donnée à la guitare (généralement avec un son très saturés qui se rapproche du hard rock)… Voilà qui caractérise les trois premiers albums de Santana. Ajoutons à cela plusieurs samba (ou musiques inspirées de la samba) et quelques solos de percussions et/ou de batterie. Je m’empresse toutefois de préciser pour ceux que la vraie musique latino emmerde et qui pour rien au monde ne foutraient les pieds au Barrio latino de Bastille que la version qu’en restitue Santana n’a plus grand chose à voir avec son modèle à part le rythme. Il y a des puristes qui, quand ils entendent « Oye Como Va » (la version de Santana, sur l’album « Abraxas »), font : « Pfou ! Ça ne vaut pas la version de Tito Puente ». Allez vous faire mettre, putains de bobo! Ici on aime le rock.

Le Santana Blues Band à l’époque de la sortie de l’album Santana 3, en 1971. Saurez-vous retrouver Carlos Santana ? Indice : il a une moustache et il fait une petite blague à l’un de ses camarades.

Autre élément assez surprenant qui caractérise les premiers disques de Santana : les crédits montrent que Carlos participe assez peu aux compositions. Sur Abraxas, il ne signe ou cosigne que les instrumentaux « Samba Pa Ti » et « Incident at Neshabur » (sur un total de 9 titres). Deux autres sont des reprises (d’ailleurs, Santana aime les reprise ;  quasiment tous les albums du Santana band en comportent quelques unes ; il a même fait des albums entièrement composés de reprises) et le reste est composé par les différents musiciens du Santana Band, en particulier José « Chepito » Areas et Michael Carabello, les percussionnistes, qui en signent trois à eux deux. On retrouve presque exactement la même répartition des crédits sur le troisième album (y compris deux reprises dont, une nouvelle fois, d’une chanson de Tito Puente, le célèbre musicien portoricain que j’ai évoqué plus haut); cette fois-ci Carlos cosigne trois des 9 morceaux du disque. Ajoutons que Carlos Santana ne chante pas (ou très rarement et essentiellement les chœurs). A cette époque le chant principal est assuré par Gregg Rolie, le claviériste.
Qu’en déduire ? Santana donne son nom à son groupe et à ses albums, mais il ne chante pas et il compose peu. C’est donc que son rôle de guitariste est primordial.

Effectivement, la légende de Santana va se construire sur ce fameux style de guitare qu’il met au point dès les premiers disques du groupe. Un son saturé rond et chaud obtenu en jouant sur une Gibson SG Special ou une Gibson Les Paul, avec beaucoup de bend, cette technique qui consiste à tirer latéralement les cordes afin d’augmenter leur tension et de monter légèrement la hauteur du ton. Il est aussi très reconnaissable à ses notes tenues très longtemps, parfois pendant plus de trente secondes, notes d’ailleurs modifiées par un bend assez fort et utilisant parfois des effets larsen.
Ce style a été depuis tellement imité qu’il pourrait paraître assez banal à un auditeur qui le découvrirait aujourd’hui, mais c’était relativement nouveau à l’époque. Je ne suis toutefois pas assez spécialiste du sujet pour savoir s’il l’a inventé ou s’il s’est inspiré d’un autre (l’autre en question étant un guitariste noir américain d’origine cherokee qui participa aussi à Woodstock et qui mourut le 18 septembre 1970 étouffé par son vomi). Je laisse chacun se faire sa propre idée.

Terminons ce petit tour d’horizon en comparant l’intérêt respectif des trois premiers albums de Santana et exposant les raisons qui me font préférer le troisième
En fait, Santana 3 n’est pas spécialement meilleurs qu’Abraxas, auquel il ressemble beaucoup, mais je trouve les parties de guitare encore plus spectaculaires, d’autant que, sur certains morceaux, un jeune guitariste de 17 ans vient ajouter sa patte géniale, permettant de vrais duels de solistes. Il s’appelle Neal Schon, il va rester dans le groupe jusqu’en 1972. Après cette date, le tournant musical brutal qu’amorce l’album « Caravanserail » (le quatrième album) le convainc qu’il n’a plus sa place dans le Santana Band, lequel abandonne alors les guitares saturées pour un jazz-rock beaucoup plus policé. Emmenant Greg Rolie avec lui, Neal Schon part créer Azteca puis Journey, un groupe qui va connaître un immense succès aux Etats-Unis tout au long des années 1970 et 1980 bien qu’à mon avis seuls les trois premiers albums présentent un peu d’intérêt (notons que Journey existe toujours de nos jours mais avec d’autres musiciens).

Neal Schon, un jeune prodige de la guitare qui va un peu galvauder son talent

Ainsi, Santana 3 constitue l’apogée et la touche finale de la première période de la longue carrière de Santana.

Par la suite, Santana se lance dans sa période « jazz rock », fortement inspirée par Miles Davis et Coltrane mais mêlant habilement des influences latines et, parfois, encore une certaine dose de psychédélisme. Le nombre d’album sorti au cours de cette phase est difficile à déterminer car Santana alterne les albums avec son groupe (« Caravanserai », « Welcome », « Borboletta ») ou des collaboration avec d’autres musiciens, notamment avec John McLaughlin (« Love, Devotion and Surrender »). Cette phase dure de 1972 à 1974. Bien que les albums proposent de nombreux morceaux passionnants, on ne les trouve pas (ou rarement) dans les best of et il a cessé presque complètement de les jouer sur scène à partir de 1975.

La période suivante revient à un rock plus commercial, toujours teinté d’influence latines (après tout, Santana est généralement considéré comme l’inventeur du « latin rock ») mais incorporant cette fois du funk. Les disques sont inégaux, mais tous comportent des pépites et, en quatre albums ( de « Amigos » – 1976 – à « Inner secret » – 1978 -), Santana aligne quand même un paquet de titres exceptionnels tels que « Europa (Earth’s Cry Heaven’s Smile) », « Well All Right » ou « She’s Not There » qui, eux, figurent sur presque tous les best of (et c’est mérité).

Le Santana Blues Band a l’apogée de son succès commercial (ici en concert au Ahoy de Rotterdam, le 30 novembre 1976).

La quatrième phase ne marque pas vraiment une rupture stylistique : Santana durcit un peu son style de jeu, guitares plus en avant et plus nerveuses. Elle occupe les trois ou quatre albums de « Marathon » (1979) à « Shango » (1982), voire à « Beyond Appearences » (1985). En même temps, Santana réalise aussi plusieurs albums solo (c’est-à-dire sans ses musiciens, ou avec d’autres musiciens), albums très différents, comme « Swing of delight » (1980), qui est du pur jazz-rock. C’est une période très décriée par les critiques (qui parlent souvent du creux de la vague de sa carrière). En réalité, ces albums sont encore truffés de bons morceaux. J’irais même jusqu’à dire que « Zebop » (1981) est l’un des meilleurs albums de Santana mais je risque de me faire vilipender par les critiques professionnels. Le creux arrive vraiment à partir de la seconde moitié des années 1980 (et on peut se demander si, du strict point de vue de l’inspiration, il ne dure pas encore de nos jours).

En tout cas, les années suivantes sont une période de déclin commercial relatif. Plusieurs albums médiocres, voire insipides (« Havana Moon », 1983, presque uniquement constitué de reprises) mais les concerts restent de très bonne tenue, pouvant durer jusqu’à trois heures et proposant un panorama assez large de la carrière de Santana.
Il faut attendre 1999 et l’album « Supernatural » pour voir Santana revenir en grâce aux yeux du public et (un peu) de la critique, pourtant sans avoir publié aucun album renversant, ni même simplement digne de ce qu’il faisait avant 1982. Même s’il ne propose plus que de la merde, ou au mieux d’honnêtes disques sans grande originalité, l’étendue chronologique de sa carrière lui permet d’embrasser un public multi-générationnel et les journalistes rocks, désormais en âge d’être ses petits fils, se sentent obligés de lui vouer un culte. Santana est donc désormais embaumé, mais il est toujours aussi chiant.

Carlos Santana statufié dans sa ville natale de Autlan de Navarro. La plaque sur le socle le présente comme le « meilleur guitariste du monde ». On n’est pas chauvin au Mexique.

Santana statufié à Montreux (Suisse)

Santana statufié par les Simpsons… (dessin tiré de la BD « D’oh vs. the Volcano! », octobre 2013)

 

8 Commentaires

  1. Derek

    Les deux fois où j’ai eu l’occasion de voir Santana restent dans ma mémoire comme de grands moments de diablerie (?) rythmique à la limite de la transe voodoo. En première partie de Bob Dylan au parc de Sceaux en 1984, un medley incandescent d’une heure sans interruption. Grandiose. Et ensuite, quelques années plus tard, lors de l’un de ses passages au Zénith de Paris, trois heures de concert percuté à fond les manettes sans un moment d’accalmie. Il ne nous avait pas joué ni Samba Pa Ti, ni Europa. C’est con, j’avais invité des proches qui ne connaissaient que ces deux morceaux de Santana…

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  2. lau

    dur de mettre santana dans les 100 top sur une ile deserte,dans les 5 ou 10 oui pas plus.Oh aussi hehehe ce fameux concert de santana d’au moins 3h au zenith,j’y etais avec une copine,,sur une note poussé a l’extrême longueur ,elle est tombée direct dans les vaps,ensuite tjs du même accabi jusqu’au concert de 2000 supernatural,,ouais super pas top,et plutôt le début de sa fin de vrai auteur compositeur

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  3. Tong

    On va probablement me taxer de vieux c… mais c’est vrai que le petit père Santana n’a plus rien fait de bon depuis 1978, et pourtant comment évoquer la musique des 70’s sans lui ? désormais il fait beaucoup de soupe FM mais bon faut bien payer les factures, heureusement en live c’est toujours un génie.

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    1. ace (Auteur de l'article)

      Les albums Zebop (1981) et Shango (1983) valent encore largement le détour. Mais après, plus grand chose, c’est vrai.

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    2. Karim Alain Brichi

      Archi faux. Le dernier album Milagro de 1992 est un bijou. Le tournant c’est en 2001 quand il s’est associé à Clive Davis et depuis produit que des albums de collaboration.

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      1. ace (Auteur de l'article)

        Après une étude attentive de votre réclamation nous sommes au regret de ne pouvoir valider votre avis : Milagro est un album correct, qui se contente de recycler les recettes des classiques des années passées. Sympathique à écouter, effectivement au-dessus de la médiocrité des trente dernières années, mais très en-dessous d’un Moonflower ou d’un Abraxas.
        Note définitive : 3/5

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  4. MANNHART CLAUDE

    Après une étude attentive de vos commentaires nous pouvons déduire que Ace malgré son récapitulatif assez sévère de la carrière musicale de notre cher Carlos SANTANA avec quand même de bons liens, ne rencontre pas l’unanimité.
    Pour ma part, moi qui ait connu mon idole en 1976 avec « Europa », je constate que vous pouvez ajouter d’autres albums, et voici ce que je vous propose : Caravanserai, Tanglewood et Lotus : surtout ces trois là qui sont collector aujourd’hui et reflètent bien l’ambiance des débuts du groupe, et aussi dans une catégorie inférieure mais intéressante : Amigos, Moonflower, Supernatural et en parcourant les autres albums où l’on arrive à trouver du bon, certains titres bien construits comme « Brightest Star » (Zebop!) « Hold On » (Shango), Aqua Marine (Marathon), « Oneness » (du même album), Song for my Brother (The Swing of Delight) somewhere in Heaven et Make Somebody Happy (Milagro) et pour finir ne pas oublier les versions concert de « Europa » et « Guajira » sublimes sur l’album Sacred Fire.
    Et bien-sûr toutes les collaborations avec notamment « Chill Out » et « The Healer » avec John Lee Hooker.
    Je vous laisse me mettre une note définitive après avoir écouté ma playlist…

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    1. ace (Auteur de l'article)

      J’aime bien la plupart des chansons citées. Beaucoup d’entre elles comptent d’ailleurs parmi mes préférées, à une exception près : étonnamment j’aime toutes les chansons de l’album Zebop sauf « Brightest star ». Cela prouve que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Quant au disque live Sacred Fire, que j’ai acheté à l’époque de sa sortie, j’ai toujours trouvé qu’il avait la pêche et que le choix des morceaux était bon mais que la production sonore était médiocre : un son vraiment calibré « FM années 1990 ». Lotus a les qualité et les défauts de cette période : des passages instrumentaux de toute beauté mais que de longueurs… Quand je l’ai acheté c’était un triple vinyle. Trois faces au lieu de six auraient suffi à mon avis. La synthèse entre rock, jazz-rock et musique latino me paraît plus aboutie sur Moonflower, et pour le coup celui-là aurait bien mérité six faces de vinyle.

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