PINK FLOYD – ANIMALS (1977)

Animals est le dernier album de Pink Floyd que j’ai découvert dans ma vie. Ça doit remonter au milieu des années 1980, quelque part entre la sortie de The Final Cut et celle de A momentary Lapse of Reason.

Pourquoi ai-je attendu si longtemps pour m’intéresser à l’album « au cochon » alors que l’album « à la vache » faisait partie de ma discothèque depuis plusieurs années, de même que le confidentiel « Obscured by clouds ». (Je dis confidentiel car à l’époque du vinyle ce disque était particulièrement dur à trouver) ?
Question supplémentaire : pourquoi, après qu’il eut enfin intégré ma discothèque, ce disque m’a-t-il semblé si longtemps être une œuvre mineure dans la carrière de PF alors que je le tiens aujourd’hui pour l’un de leurs meilleurs albums ?

Le discret cochon de la pochette

La raison de cette méfiance envers ce disque en incombe en partie aux journalistes de Rock & Folk.

Quand je dis que j’ai découvert Animals vers 1984, en réalité j’avais déjà entendu la chanson « Pigs (3 different ones) » deux ou trois ans plus tôt, mais dans des conditions qui ne m’avaient pas permis de l’apprécier ni donné envie de connaître le reste de l’album. Lors d’une fête chez des amis de mes parents, alors que je devais être âgé d’environ 13 ou 14 ans, un vieux d’au moins trente ans, voyant que je m’ennuyais, m’avait demandé ce que j’écoutais comme musique. Pink Floyd étant mon groupe préféré, il s’était mis à fouiller dans la discothèque de nos hôtes pour voir s’il ne s’y trouverait pas, par hasard, un de leurs albums. C’est ainsi qu’il avait mis la main sur Animals. Il avait posé le disque sur la platine – pourquoi la face 2, je n’en sais rien – et tout en lançant l’écoute, il avait entrepris de me traduire les paroles qui figuraient sur l’enveloppe papier du disque.

Entre ses maladroites tentatives transcriptives et le bruit d’ambiance dans la pièce, j’avais eu du mal à apprécier la musique, d’autant qu’elle ne ressemblait à aucun des autres albums du groupe.

Comme il n’existe pas de photos de cette fameuse fête, aucune n’ayant été prise, ou bien toutes ayant été détruites par mesure de sécurité, je vous ai mis une photo de gens qui font la fête dans les années 1980. C’est moi avec la casquette.

De toute façon, j’avais un a priori très négatif sur ce disque, et c’est là qu’intervient Rock & Folk.

Je acheté cette revue pendant des années et je la considérais comme une vraie bible de la musique rock. J’ai d’ailleurs conservé mon importante collection de numéros qui s’échelonnent du début des années 1970 (ceux-là je les ai achetés plus tard dans des brocantes) à la fin des années 1980, période où le niveau de la revue s’est mis à baisser dramatiquement en parfaite corrélation avec la baisse du niveau du rock en général. Le tirage mensuel est d’ailleurs parlant : entre 1981 et 1990 celui-ci a été divisé par trois, passant de 130.000 exemplaires par mois à 43.000.

Jusque vers 1984 ou 1985 on trouvait dans Rock & Folk des articles de fond et des critiques très argumentées. Le journal prétendait offrir une approche intellectuelle du rock, contrairement à son rival plus populaire « Best », qui me donnait l’impression d’un équivalent rock de Podium ou de Salut les Copains. Mais, comme dit Michel Audiard, « Un con qui marche va plus loin que deux intellectuels assis », autrement dit, à vouloir intellectualiser le rock, on finit par ne plus vraiment en apprécier son intérêt : c’est une musique censée vous remuer les tripes ou vous donner des fourmis dans les jambes, ce que les journalistes de Rock & Folk avaient parfois un peu tendance a oublier.

Une toute petite partie de ma collection de Rock & Folk (période âge d’or de la revue)

Contrairement à des groupes comme King Crimson, Yes ou Soft Machine (que j’aime aussi) Pink Floyd a toujours su conserver une part de groove dans sa musique. C’est aussi vrai des années psychédéliques (voir « Lucifer Sam ») que de sa période hippie (la partie centrale de « Echoes » – juste avant les mouettes) ou de sa période progressive (« Money », « Have a cigar »), voire de sa période Waters (« Another brick in the wall, part 2 », « Run like hell »). Mais depuis « Dark side of the moon » les paroles ont pris de plus en plus d’importance, évolution qui découlait de l’influence grandissante de Roger Waters sur le groupe.

A la sortie de The Final Cut, en 1983, Rock & Folk a publié un article d’analyse du disque (pas une simple critique, un article entier sur sept pleines pages). C’est une analyse essentiellement textuelle : une grande partie des paroles sont traduites et commentées. La conclusion est qu’il s’agit d’un grand disque, aux thématiques aussi profondes qu’engagées. Je dois admettre que cet article a contribué à me faire aimer ce disque qui me rebutait un peu au début.

La première des sept pages de l’article publié par Rock & Folk à la sortie de The Final Cut, en 1983

Il en va inversement avec Animals. A l’époque, Rock & Folk fait comme la plupart des grands magazines de rock : il dézingue Pink Floyd. Ne supportant pas que le groupe de musiciens novateurs (et modestes) qu’était Pink Floyd à ses débuts soit devenu une gigantesque machine à cash depuis l’incroyable succès de Dark Side of the moon (1973), il s’acharne sur les sorties suivantes. « Wish you were here » (1975) est encore présenté comme un album de bon niveau mais pollué par des « gimmicks » (bruitages divers) et qui manque parfois d’inspiration. La preuve, selon les critiques, le groupe en appelle à son âme créatrice, Syd Barrett, dans la chanson « Shine on you crazy diamond », car il a perdu sa direction artistique.

Quant à Animals (1977), l’énorme campagne publicitaire qui en accompagne la sortie a du mal à passer (« trahison, trahison ! »). Déjà, trois ans plus tôt Pink Floyd avait commis un faux-pas en acceptant de vendre son image pour une publicité pour le soda Gini. Le groupe apparaissait en photo dans le désert pour vanter la boisson rafraichissante.

Là, non seulement la presse mais les fans leurs étaient tombés dessus à bras raccourcis. D’ailleurs, lors de la tournée suivante, Gilmour faisait exprès de jouer en concert avec des tee shirts à l’effigie de marques de bière (le plus souvent Guinness), manière de se détacher de la marque infamante « Gini » qui avait initialement proposé aux musiciens de porter leur logo en concert. Quant à l’argent gagné grâce à cette collaboration, il fut finalement reversé à des oeuvres caritatives (en l’occurence l’association antipsychiatrie Ronald Laing et l’Hôpital de la Salpêtrière).


Bref, « Animals » tombait bien mal. Il tombait d’autant plus mal qu’on était en pleine effervescence Punk et que Rock & Folk, qui encore deux ans plus tôt pouvait écrire que la musique des Ramones était ce qu’on avait pu produire de pire dans toute l’histoire du rock, commençait à s’enthousiasmer pour pour ces jeunes gens coiffés au rasoir qui révolutionnaient la scène musicale avec les trois accords de guitare qu’ils connaissaient. Johnny Rotten paradait sur scène avec un tee-shirt « I hate Pink Floyd ». Entre les vieux hippies cambridgiens dépassés et les jeunes agités de Londres, il fallait choisir son camp : Rock & Folk venait de choisir les Punks. « Animals » serait lynché en place publique.


Pour être honnête avec Rock & Folk, le magazine s’est divisé sur la question. Dans le numéro 121, de février 1977 (page 109), François Ducray défend le disque. Extrait :

« Alors là, quel frelon les a piqués, nos quatre anti-héros ? Et quel venin les a transformés en quatre bêtes sauvages ? « Animals » est un disque de haine comme jamais cette musique n’en avait engendré, au moins depuis le premier MC5 […]. Oh! certes les musiciens sont bien les mêmes que ceux de Dark side of the moon. Seulement maintenant leurs jolis bidules électroniques sont branchés à fond sur un sale courant de violence motivée. Mais ma parole, ces trois morceaux et demi ne sont même pas construits ? On dirait qu’ils jouent live, c’est aussi neuf et libre et spontanée qu’Ummagumma, tous quatre s’arrachent du fond des tripes le fond du crâne. Et ça crache, divine surprise! »

Mais, le mois suivant (« Spécial Pink Floyd », n°122, mars 1977, pages 79 à 105) Benoît Feller pose un regard beaucoup plus négatif sur le disque :

« […] On éprouve ici une franche sensation de redite, de déterioration musicale. Par le son employé (préeminence constante d’une guitare sèche) Animals évoque la première face de Meddle, d’un Meddle sans énergie, sans vie et bien mou. L’album compte cinq morceaux […], compositions fades et peu concluantes auxquelles manque surtout, par-delà l’énergie et l’inventivité qu’on trouvait dans les réussites antérieures du groupe, la foi. Et même si la technique est, une fois encore, parfaite, il émane de l’ensemble une sombre inconsistance, la vision amène d’un paysage désolé qu’on espère voir le Floyd quitter très vite : la variété. »

Rock & Folk n°121 et n°122

En 1973, les éditions Albin Michel avaient sorti en collaboration avec Rock & Folk un livre consacré à Pink Floyd. Ecrit par Jean-Marie Leduc (futur auteur d’une intéressante anthologie intitulée « le rock de A à Z ») le livre avait connu plusieurs rééditions et est resté pendant un certain temps le seul ouvrage en langue française consacré à Pink Floyd. C’est aussi le premier que j’ai lu.

Dans la réédition mise à jour de 1982 du livre de Jean-Marie Leduc, un court passage consacré à « Animals » a été ajouté. Voilà ce qu’on peut lire (pages 127-128) :

« Waters et Gilmour s’obstinent, en concert, à ne pas communiquer avec la salle. « Good Night », c’est tout. Ce vide, comme celui que l’on perçoit dans l’oeuvre discographique, est comblé par des gadgets imposants : énorme cochon rose volant, grues lumineuses, dessins animés de Gerald Scarfe (pour un budget de 100.000£). L’institution Pink Floyd pourrait être insupportablement glacée si le quatuor ne gardait un aspect négligé : les titans de techno-industrie pop n’auront pas les faiblesses vestimentaires de Rod Stewart ou Mick Jagger. […]

Pink Floyd, par Jean-Marie Leduc, version originale et réédition de 1982

Diagnostique confirmé dans un autre livre consacré à Pink Floyd, également par les édition Albin Michel et Rock & Folk. Celui-là s’intitule « Le livre du Pink Floyd » et il est signé par Alain Dister, Jacques Leblanc et Udo Woehrle. Les pages ne sont pas numérotées mais dans un des derniers chapitres, la tournée Animals est ainsi présentée :

« Bien sûr on hurle dans les chapelles au manque d’inspiration compensé par un étalage de machinerie coûteuse. Et l’on a pas complètement tort. Les grues porteuses de projecteurs, le miroir solaire qui s’embrase d’un seul coup et renvoie mille rayons sur un public médusé, les films d’avions au décollage et les dessins animés, tout semble être là pour faire oublier les musiciens, lesquels n’ont jamais été aussi peu présents physiquement. Pas un regard vers le public, pas un mot de connivence, juste des morceaux correctement exécutés, à l’accord près, par des hommes enfermés dans la répétition sans chaleur apparente de leur répertoire. Comble d’isolement, Waters porte un casque sur les oreilles pour mieux rester à l’écoute de la balance du groupe, mais si loin du public! […] On a le sentiment qu’ils sont devenus prisonniers d’un monde que, justement, ils dénoncent dans « Animals ». Un monde où règnent les machines construites par l’Homme pour dominer et asservir d’autres Hommes. »


« Animals est un album violent, agressif. Cela surprend car nous aurions pu penser que Pink Floyd accèderait avec le temps à une musique dédramatisée, presque magique ou à résonance spirituelle. Pas du tout. P.F. redescend dans l’arène et jette son venin comme jamais il ne l’avait encore fait. […] Animals est, musicalement, un album très construit, dur pour l’oreille, avec comme point culminant Dogs […] aussi violent que « One of these days », « Shine on you crazy diamond » et « Careful with that axe, Eugene ». Gilmour survole Animals : son jeu est précis, incisif et incroyablement pur. Waters vaut ici surtout par ses textes […]. Angus MacKinnon souligne à propos d’Animals que, pour les marxistes, l’Art n’est pas un miroir, mais un marteau. Le coup qui nous est asséné dans cette superproduction animalière devrait ravir l’Europe de l’Est et permettre au Floyd d’être enfin distribué là-bas. »

 

La critique n’est pas totalement négative, mais on sent que l’appréciation est soigneusement pesée au trébuchet et, pour ne pas paraître trop laudateur, J.M. Leduc ne peut s’empêcher d’agrémenter son texte de discrètes considérations dépréciatives comme « superproduction animalière » ou « titans de techno-industrie pop ».

Une campagne publicitaire coûteuse pour promouvoir l’album Animals, ce qui a passablement agacé les journalistes

Plus grave, je doute que Jean-Marie Leduc ait disposé, à l’époque, de compétences suffisantes en anglais pour apprécier à leur juste valeur les textes de Roger Waters. En effet, tout au long du livre (soit sur 180 pages, tout de même) il traduit le nom de « Pink Floyd » par « Flamant rose » (à l’époque j’y ai cru et ce n’est que plus tard que j’ai découvert que Flamant se disait « Flamingo » en anglais et que « Floyd » était le prénom d’un bluesman (Floyd Council) dont Syd Barrett s’était inspiré pour créer le nom de son groupe en y adjoignant le prénom d’un autre blusman : Pink Anderson). JM Leduc a fait amende honorable plus tard, dans le livre « Pink Floyd en France », de Patrick Ducher, expliquant que la méprise provenait d’une blague que les musiciens de PInk Floyd eux-mêmes lui avaient faite en lui faisant croire à cette fable sur les Flamants roses.

Un livre original et qui présente l’intérêt, entre autre, de contenir une longue interview d’Ace Bootlegs (le vrai) racontant son expérience du concert de Pink Floyd à Versailles en 1988

De quoi parle donc ce disque ? Qu’a donc Roger Waters de si intéressant à nous dire ? Je reprends ici le descriptif de Wikipedia :

« Cet album-concept brosse une critique acerbe et virulente des conditions socio-politiques au Royaume-Uni vers la fin des années 1970 […]. Le concept d’Animals trouve son inspiration dans le livre La Ferme des animaux de George Orwell et reprend les grandes lignes du roman : le cynisme, l’agressivité et la critique sociale en utilisant des archétypes animaux.

Animals rompt singulièrement avec les thèmes explorés par Pink Floyd dans Wish You Were Here ou The Dark Side of the Moon, prenant un ton nettement politique […]. Les paroles de l’album […] décrivent les différentes classes de la société en les associant à des animaux : les chiens pragmatiques qui recherchent le confort, même si cela les conduit à supprimer ceux qui les gênent ; les cochons moralistes, impitoyables et despotiques comparables à des dictateurs ; les moutons exploités par les chiens et les cochons et qui symbolisent la masse amorphe de rêveurs résignés.

Alors que la nouvelle d’Orwell se concentre sur le bolchevisme, l’album est une critique du capitalisme et s’en distingue par le fait que les moutons finissent par s’élever pour dominer les chiens. »

Comme un air de ressemblance

Concernant la musique, l’album Animals ne comporte que quatre chansons réparties sur cinq plages. La première et la dernière plages forment l’introduction et la conclusion de cet album concept. Il s’agit d’un morceau en deux parties, intitulé « Pigs on the wings part 1 et 2 », qui dure au total moins de 3 minutes et n’est interprétée que par Waters seul à la guitare accoustique. Il en existe toutefois une version alternative, disponible sur de nombreux bootlegs, dans laquelle les deux parties du morceau sont enchaînées grâce à un intéressant solo de guitare de Snowy White (doublure de Gilmour durant les concerts).

Le reste du disque se divise en deux longues chansons (sur la face 2) et une très longue (sur la face 1).

L’album a eu droit à une édition limitée en pressage rose (en France seulement, je crois). Un exemplaire neuf coûte aujourd’hui près de 600 euros. Ici la face 1, presque entièrement occupée par « Dogs ».

Contrairement à ce que laisse entendre Jean-Marie Leduc, le disque ne peut pas être considéré comme un partage des taches entre Waters et Gilmour où le premier n’aurait fait que les textes et le second la musique. En réalité, Waters a écrit tous les textes et composé toutes les musiques sauf celle de « Dogs », la très longue chanson qui occupe presque toute la première face. D’ailleurs, dans une interview où l’on demandait à Gilmour, à l’époque, pourquoi il avait si peu participé à ce disque, il s’était défendu en disant qu’il avait composé toute la musique de la plus longue chanson du disque, estimant que cela représentait au total un bon tiers de l’ensemble du travail.

En revanche, la description que Leduc fait du jeu de guitare de Gilmour sur l’ensemble du disque est très vraie : des solos à foison, longs et torturés tout en étant planant et en ayant un son tranchant. De ce point de vue, même s’il est alors clair que Waters est devenu le maître d’oeuvre du groupe, Gilmour a laissé sa marque sur ce disque. Il en va de même de Wright, qui s’offre sur chacun des trois longs titres un break de plusieurs minutes créant au synthétiseur une ambiance à la fois inquiétante et oppressante. On entendra encore un peu Wright sur l’album The Wall, mais de manière nettement plus discrète et nettement plus cadrée par Waters et par le producteur Bob Ezrin, mais ce sera sa dernière participation active au groupe. Même si Mason ne co-signe aucun titre, son jeu de batterie très caractéristique est très présent sur le disque, ce qui fait qu’on peut considérer Animals comme le dernier album de Pink Floyd qui soit le fruit d’un travail de groupe.

Pink Floyd en concert à New York, juillet 1977 – un vrai groupe encore à cette époque

Une musique souvent violente, des ambiances sombres, des paroles très politiques, une pochette illustrant les effets de la crise économique, avec sa célèbre photo d’une centrale électrique à l’abandon au milieu de friches industrielles : on pourrait voir dans Animals une réponse à la vague punk.

Une réponse, mais pas une récupération cynique du genre de celle qu’à la même époque proposent les Rolling Stones. Entre « It’s only rock’n’roll » (1974) et « Emotional Rescue » (1979), les pierres qui roulent (surtout des épaules) tentent de montrer qu’ils sont encore dans le coup en incluant dans leurs albums des morceaux reggae (« Cherry oh baby »), funk (« Fingerprint file », « Hot stuff », « Dance part 1 »), disco (« Miss you »), voire presque punk (« Shattered »).

Pink Floyd ne singe pas la musique punk, ne propose pas des cris de rages de 2 minutes sur trois accords, mais le groupe est clairement sous la même influence que les punks : celle de la crise économique et de la fin des illusions de la vague hippie.

Il est intéressant de remarquer que deux des longues chansons d’Animals datent en fait de 1974 et pouvaient être entendues en concert dès cette époque, quoique sous des titres et avec des paroles différent(e)s : « Raving And Drooling » (version primitive de « Sheep ») et « You’ve Got to be Crazy » (future « Dogs ») [voir ici pour une très bonne version], ce qui fait de Pink Floyd non pas un groupe qui se serait adapté à la vague punk, mais qui l’aurait même précédée.

De la même manière, sur l’album précédent (« Wish you were here », 1975) la chanson « Welcome to the machine » peut être considérée, avec tous ses bruits industriels, comme une anticipation de ce qui allait devenir, quelques années plus tard la synth pop industrielle popularisée par des groupes comme Dépêche Mode.

*****

Pour conclure, Animals est un grand disque de Pink Floyd, musicalement très riche et avec des paroles profondes. Il réussit à renouveler le style du groupe, ce qui est une des grandes qualités de Pink Floyd, l’un des très rares groupes de rock à ne s’être jamais répété d’un album à l’autre (sauf bien sûr, dans ses œuvres post-Waters).

Animals est la clef de l’évolution du groupe entre sa période planante (dont l’apogée est « Wish you were here »), et sa période plus dure et plus politique qui connaît son aboutissement avec « The Wall » et « The Final Cut ».

3 Commentaires

  1. Derek

    Merci pour cet article passionnant. Je cours rechercher dans les archives un bootleg periode Animals.

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  2. Thierry D.

    Tu devrais écrire plus souvent…. très bon article !

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  3. Ale

    Super article, merci à toi !

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