Pochettes de disques – Censurées

Au fur et à mesure que la jeunesse s’émancipait, les artistes cherchaient à défier les convenances en imaginant des pochettes de plus en plus provocatrices. Ainsi, tout au long de la deuxième moitié des années 1960 puis durant les deux décennies suivantes, la censure frappa de plus en plus souvent des pochettes de disques. Parfois, il n’y avait aucune volonté provocatrice mais simplement des choix malheureux, de l’humour un peu déplacé ou bien une surinterprétation de la part des censeurs. Plus souvent, ce qui était acceptable par les maison s de disque ne l’était pas par les grandes chaînes de distribution des disques. Ainsi, les magasins Walmart (ou leurs équivalents) ont-ils été à l’origine d’une politique de double pochette : l’une pour les gens normaux, la version originale; l’autre pour les coincés et les grenouilles de bénitier de l’Amérique profonde. Cette pression s’est poursuivie jusqu’à nos jours. On constate même aujourd’hui un regain de censure de la part des hypocrites de chez Facebook et Apple, qui censurent le moindre téton qui dépasse. Du coup, sur iTunes, il est fréquent que des pochettes alternatives soient utilisées pour ne pas montrer la choquante version originale.

Petit tour d’horizon (les explications sont en bas de la page) :

 

Yesterday and Today est le dixième album américain des Beatles, publié le 20 juin 1966 par Capitol Records. À la suite de son lancement, ce disque sera au centre d’une controverse causée par la photo de la pochette jugée malsaine : la célèbre « Butcher Cover ».
Les Beatles voulaient probablement évoquer de manière allégorique le sentiment qu’ils éprouvaient vis-à-vis de la manière dont Capitol traitait leurs albums, faisant une vraie boucherie des albums originaux. C’est le photographe Robert Whitaker qui proposa l’idée de cette pochette les montrant vêtus de blouses de bouchers, recouverts de morceaux de viande, d’un dentier et de poupées décapitées. John Lennon raconte même à ce propos : « Ma première idée était de décapiter Paul. Mais il n’a pas voulu ! ».
750 000 copies ont été pressées et commercialisée, le disque fait immédiatement scandale. En catastrophe, Capitol le retire de la vente et les copies revenues à l’usine de Jacksonville sont détruites. Le problème est résolu à l’aide d’un subterfuge : on colle une nouvelle photo plus sobre par-dessus l’image controversée. Les fans s’amuseront dès lors, comme le raconte Ringo Starr « à la décoller à la vapeur » pour découvrir en dessous l’objet du scandale. Sur la nouvelle photo, prise par le même photographe, les membres du groupe apparaissent pour la première fois avec des vêtements individualisés. (informations partiellement reprises de la page Wikipedia)

If You Can Believe Your Eyes and Ears est le premier album du groupe The Mamas and the Papas (« The Mama’s and the Papa’s » sur la pochette), sorti en 1966. Sa pochette originale, oeuvre du photographe Guy Webster représentant une salle de bains avec les quatre membres du groupe allongés dans une baignoire, est censurée en raison de la présence de cabinets dans un coin, considérés comme indécents. Elle est vite remplacée par une pochette identique mais où les WC sont dissimulés par un cadre sur lequel apparait la mention : « Contient la chanson « California Dreamin' », car celle-ci a cartonné à la radio entre temps.
Mais pour certains esprits chagrins, la vision de deux hommes et deux femmes vautrés dans une baignoire est une claire incitation à la débauche. D’où la publication d’une troisième version dans laquelle un masque noir ne laisse plus apparaître que les visages des artistes, sans que l’on puisse deviner qu’ils se trouvent dans une salle de bain.

Unfinished Music N°1 : Two Virgins est un album expérimental produit par le couple John Lennon et Yoko Ono. Il est sorti le 29 novembre 1968 chez Apple Records/EMI, quelques jours avant la sortie de l’album blanc des Beatles. L’album ne contient que deux pistes de plus de quatorze minutes Two Virgins Side One et Two Virgins Side Two. Ces deux plages sont constituées de mélange de bruits divers, de discussion et de sons d’instruments, notamment du piano et la guitare acoustique, qui préfigurent le morceau Revolution 9 de l’album blanc.
La pochette fit scandale, puisqu’elle présentait les deux artistes posant nus de face au recto et de dos au verso. Pour cette raison, EMI et Capitol refusèrent de le distribuer, et il fut finalement édité par Track Records au Royaume-Uni et par Tetragrammaton aux États-Unis, où il fut distribué avec un emballage en papier kraft qui ne laissait apparaître que les visages de Lennon et Ono. En janvier 1969, dans le New Jersey, 30 000 exemplaires de la pochette de Two Virgins furent saisis par la police pour pornographie.
Avant la sortie de l’album, plusieurs proches de John Lennon lui conseillèrent de ne pas s’afficher nu sur la pochette de l’album. Yoko Ono affirme quant à elle : « John a emmené la pochette à une session des Beatles et l’a montrée à Paul, George et Ringo. George et Ringo n’ont pas dit grand-chose, mais Paul lui a dit tout haut « Ne fais pas ça ». En fait, je pense qu’il n’avait pas tort. Mais c’est justement ça qui a donné à John l’envie de le faire ». (informations partiellement reprises de la page Wikipedia)

Beggars Banquet est le septième album des Rolling Stones, sorti fin 1968. La photographie a été prise par Michael Joseph et représente une chasse d’eau et le haut d’une lunette de WC avec un mur couvert de graffitis. Decca, la compagnie discographique des Stones, s’y opposa au nom de la bienséance. Elle proposa à la place une pochette blanche façon carton d’invitation. Le désaccord entre le groupe et Decca s’envenima, entraînant un report de la sortie du disque de plus de deux mois. Finalement, Decca eut gain de cause. Il fallut attendre la réédition de l’album en CD dans les années 1990 pour que la pochette originale fasse son retour.

Electric Ladyland est le troisième et dernier album studio du groupe de rock The Jimi Hendrix Experience, sorti en 1968. Aucune des nombreuses pochettes sous lesquelles l’album a été vendu depuis cette date ne correspond à celle que Jimi Hendrix souhaitait. Il avait donné des instructions claires dans une lettre pour la pochette de l’album : il désirait qu’elle reprenne une photo prise par Linda Eastman, représentant le groupe assis avec des enfants devant une sculpture d’Alice au pays des merveilles, dans Central Park. Il avait même réalisé un schéma de ce qu’il attendait. Au lieu de cela, la version américaine de l’album utilisa une photo floue de Jimi (photo prise par Karl Ferris), tandis qu’au Royaume-Uni, Track Records produisit une photo de dix-neuf femmes nues allongées devant un fond noir, certaines tenant dans leurs mains les précédents albums de l’Experience. Cette image prise par le photographe David Montgomery ne convenait pas davantage à Jimi Hendrix qui la trouvait irrespectueuse. Elle fut en outre bannie par de nombreux magasins qui la trouvaient pornographique. Dans les rééditions suivantes, d’autres images furent utilisées. Il y eut même des éditions de l’album en deux disques distincts, aucune n’utilisant les versions originales des pochettes. Enfin, l’album, qui était double, fut parfois vendu dans certains magasins en retournant le pochette de manière à mettre les photos intérieurs en évidence et à cacher la photo aux femmes nues.

Blind Faith a sorti un seul album, Blind Faith, en août 1969, comportant six titres. Ce disque amena une controverse puisque la pochette de l’album présentait une fillette de 14 ans dénudée tenant une sculpture en forme d’avion à l’allure vaguement phallique dans ses mains (cet objet avait été réalisé par Mick Milligan, un joailler du Royal College of Art). Cette pochette fut interdite dans de nombreux pays et remplacée par diverses versions dont, notamment aux Etats-Unis, une pochette montrant une photo du groupe et faisant apparaître le nom « Blind Faith », ce qui n’était pas le cas sur la version originale qui ne comportait aucune mention.

Love it to Death est le troisième album du groupe Alice Cooper, paru en 1971, et le premier produit par Bob Ezrin. Il est enfin le premier à avoir rencontré le succès, grâce à son hit « I’m Eighteen ».
Enregistré dans le cadre du contrat qui liait le groupe à Straight Records, le label de Frank Zappa, il sort finalement sous le pavillon Warner, le label de Zappa ayant été racheté entre temps.
Au centre de la pochette, Vincent Furnier (le chanteur, qui commence à endosser le nom du groupe comme pseudonyme personnel vers cette époque) s’amuse à passer son pouce gauche à travers un trou de son manteau, pour donner l’illusion qu’il s’agit de sa bite. Malgré la grossièreté du subterfuge, la pochette est censurée : le bras coupable du geste obscène est entièrement effacé. Sur les pochettes finalement autorisées, Alice Cooper n’a plus qu’un bras!

Mom’s Apple Pie est un groupe américain qui a connu son heure de gloire entre 1972 et 1973 avant de sombrer complètement dans l’oubli. A cette époque, ils ont même joué au Madison Square Garden et fait les premières parties des Doobie Brothers ou de David Bowie. Le souvenir le plus durable qu’ils ont laissé est la pochette de leur premier album, intitulé « Mom’s Apple Pie » et sorti en 1972, pochette devenue une pièce de collection très recherchée aujourd’hui, dans ses différentes versions. Celle-ci comportait un détail cochon : la tarte que présentait la femme de la pochette était déjà entamée et à l’endroit de la part manquante, en regardant bien, on pouvait voir une vulve. Le dessin fut modifiée. La vulve fut remplacée par un mur de brique gris. Il y a deux autres modifications discrètes de la pochette que je ne révèle pas tout de suite pour ceux qui voudraient jouer au jeu des différences. Pour les autres, on peut voir un policier regardant dans la maison à travers la fenêtre et la femme a une larme qui coule sur une joue.

Toe Fat est un groupe de rock anglais, actif entre 1969 et 1971, dont deux membres ont ensuite rejoint Uriah Heep. Leur premier album ne rencontra pas le succès commercial malgré de bonnes critiques. Ils firent quand même la première partie de Derek and the Dominoes. Aux Etats-Unis, la pochette de ce disque, qui avait été conçue par Hipgnosis, fut censurée car on pouvait y voir, à l’arrière plan, une poitrine de femme (mon dieu, quelle horreur!). Elle fut remplacée par une innocente chèvre blanche. Doit-on y voir une allusion graveleuse ?

Sticky Finger est à la fois l’un des meilleurs albums des Rolling Stones et l’une des pochettes de disque les plus célèbres du monde. Elle a été conçue par Andy Warhol. Sur les premiers pressages, la fermetures éclair était une vraie qui pouvait s’ouvrir. A l’intérieur, l’enveloppe en papier du disque montre la même portion de personne (du haut des cuisses à la ceinture) mais cette fois en slip.
Ce qui a choqué, et fait interdire la pochette dans certains pays (comme par exemple dans l’Espagne de Franco), c’est qu’a travers le jean, on aperçoit nettement la bosse d’un sexe assez volumineux. En Espagne, la pochette de remplacement montre une image bien plus répugnante que la version originale : une main qui sort d’une boite de mélasse.

L’album Below the Belt, du groupe anglais Boxer a fait plus parler de lui par sa pochette que par sa musique à sa sortie en 1976. Publié par Virgin, il arborait une photo de Alex Henderson montrant le mannequin Stephanie Marrian dans une pose assez osée : entièrement nue, jambes écartées, poitrine en évidence, le sexe caché par un gant de boxe au bout d’un bras masculin, suggérant une pénétration pour le moins brutale. Elle fut bien sûr censurée au pays des bigots (les Etats-Unis) où elle fut remplacée par une illustration littérale de son titre : le groupe apparaissait en portrait juste en dessous d’une ceinture de boxeur (« sous la ceinture », donc).
Nul.

La magnifique pochette de l’album de David Bowie « Diamond Dogs » a été peinte par l’artiste belge Guy Peelaert. Ele a été censurée parce que le sexe du chien, sur le verso du disque, était trop nettement visible. Sur les versions modifiée, la zone incriminée était obscurcie.

Roxy Music a toujours mis des belles filles peu vêtues sur les pochettes de ses disques, et ce dès le premier album. Souvent, il s’agissait de mannequins réputés : Amanda Lear sur leur deuxième album, Jerry Hall sur leur cinquième. Ici, il s’agit de leur quatrième album, Country Life, sorti en 1974. Les culottes sont transparentes et laissent assez nettement deviner la toison des demoiselles. La modification est assez originale : les filles sont carrément supprimées. On remplace l’image originale par une photo de plateau qui ne montre plus que le décor, sans aucun personnage.

« Flashes from the Archives of Oblivion » est un album live de Roy Harper enregistré « quelque part en Angleterre à un moment ou à un autre » et publié en 1974. Sa pochette originale, introuvable aujourd’hui, montrait le musicien allongé par terre, la main posée sur son sexe, plus ou moins en érection. L’image était si scandaleuse que même nos amis anglais, tout excentriques qu’ils soient, en ont avalé leur pudding de travers. Les employées de l’usine où le disque était pressé se sont mises en grève pour exiger que la photo soit censurée, ce qui fut fait. Les premières pochettes se virent affublées d’un sticker noir dissimulant l’objet du délit. Très vite, le sticker noir fut ajouté à la matrice et imprimé directement sur la pochette de manière à ne pouvoir être décollé. Les premières versions sont aujourd’hui extrêmement rares.

L’album « Hard Labor« , le onzième du groupe Three Dog Night, est sorti en 1974. La censure de sa pochette est probablement le cas le plus ridicule de censure, ex aequo avec la censure de l’album des Mamas and Papas évoquée un peu plus haut. La pochette d’origine montre l’accouchement difficile d’un disque. On voit des médecins autour d’une patiente jambe écartée, mais toute partie intime est cachée par le drap vert ainsi que par le disque vinyle que l’un des obstétriciens tient au bout d’une pince. Pour déréaliser un peu plus la scène, la patiente possède des grosses jambes de lézard. Impossible de voir la-dedans quoi que ce soit de choquant. Pourtant, des esprits malsains y ont vu une scène inadmissible. Pensez un peu, cela évoque (vaguement) le fait de donner la vie! Par contre, la version censurée est plutôt amusante : la plus grande partie de la scène est cachée par un gigantesque pansement. Il s’agissait d’un sticker collé sur la pochette pour les premières versions; il fut ensuite directement imprimé dessus.

Force It est le quatrième album du groupe UFO. Il date de 1975. La pochette est une création d’Hipgnosis. Elle recèle un jeu de mot désopilant entre « Force it » (force la) et « Faucet » (robinet). Hipgnosis a toujours produit des images assez léchées – leur marque de fabrique – mais pas toujours d’un très bon goût. Il s’agit clairement d’une scène de viol (le titre du disque le confirme), ce qui a amené différents pays à la censurer. Le degré d’effacement de l’image litigieuse varie selon les pays.
Notons enfin que le leader du groupe UFO est Michael Schenker, le frère de Rudolph Schenker, leader du groupe Scorpions qui, comme on le verra ci-dessous, a lui-aussi été un spécialiste des pochettes douteuses (dont l’une était d’ailleurs également une création d’Hipgnosis).

La seule pochette de ma connaissance à avoir été censurée pour des raisons politiques : celle de l’album « The Third Reich ‘n Roll », du groupe The Residents, publié en 1976. C’est la présence de la croix gammée qui explique la censure, probablement du fait que le personnage soit représenté sous un jour positif. Réplique du groupe : des petits caches portant a mention « censuré » un peu partout, histoire de tourner les censeurs en ridicule.

Le groupe Scorpions, dont la musique est loin de flirter avec les extrêmes et dont les membres sont de sympathiques teutons qui ont basé leur succès des années 1980 et 1990 sur des slows imparables aux paroles très nunuches, ont pourtant défrayé la chronique par une série de pochettes qui ont ému les bonnes âmes. Je dois avouer que seule la première peut légitimement choquer. Et encore, elle est plus révélatrice de l’évolution des mentalités que d’une dépravation quelconque.
Il s’agit de la pochette de leur album de l’année 1976, Virgin Killer. Le groupe n’est pas à l’origine de la photo, qui a été imaginée par Stefan Böhle, leur manager, pour la compagnie RCA-Allemange de l’Ouest. Il s’agissait d’illustrer les paroles de la chanson « Virgin Killer », qui évoquait la fin de l’enfance et de la naïveté avec notamment une phrase disant que c’est le temps qui tue la virginité. Le photographe, Michael von Gimbut, a pris comme modèle sa propre fille. La séance photo s’est déroulée dans une ambiance parfaitement détendue, en compagnie de sa femme et de trois autres assistantes.
Sur le moment, le groupe n’a rien trouvé à redire à cette image. Elle a d’ailleurs été publiée telle quelle dans de nombreux pays. Certains ont exigé que le disque soit emballé dans un plastique opaque noir. Les plus regardants ont réclamé une pochette alternative. Elle est devenue, avec le temps, la seule pochette disponible, prouvant par là que le temps pouvait effectivement tuer la virginité d’esprit.
La jeune fille de la photo, interrogée 15 ans plus tard, a déclaré que cet épisode ne lui avait jamais causé le moindre embarras. Cependant, alors qu’ils avaient tous plus ou moins déclaré avoir trouvé la pochette d’origine assez bonne, les musiciens du groupe ont ensuite changé d’avis et affirmé regretter cette photo, disant qu’ils ne referaient plus jamais une telle chose. Trente ans après la publication du disque, le fait que Wikipedia affiche la pochette d’origine a provoqué un nouveau scandale et amené le FBI (rien que ça) à intervenir pour exiger de Wikipedia le retrait de la photo.

Beaucoup plus étrange est la polémique entourant les pochettes de leurs albums suivants.
Celle de Taken by Force a été censurée car voir des enfants jouer aux soldats entre les tombes d’un cimetière militaire choquait apparemment certaines personnes. Comme pour Virgin Killer, l’image problématique a été remplacée par de simples photos du groupe.
Quant à Animal Magnestism, l’album de 1979, on ne voit pas le sein de la femme, mais on peut supposer que l’homme vient de le caresser puisque sa main est englué de cette espèce de chewing gum. Il faut donc croire que ce n’est pas la nudité qui a été censurée dans certains pays mais la suggestion d’une caresse déplacée. A noter qu’il s’agit ici aussi d’une création Hipgnosis.
Depuis, les Scorpions sont restés sages… Encore que! Les pochettes de « Blackout » et de « Love at first sting » auraient très bien pu exciter les ligues de vertu, l’une pour sa violence, l’autre pour sa provocation sexuelle, mais il semble que personne n’ait protesté.

Sur ce 45 tours du groupe Oenix intitulé « Ils veulent coucher avec Sheila » (1980), j’ai du mal à comprendre ce qui a pu heurter les censeurs. Peut-être les seins pointant un peu trop ostensiblement sous le pull ? En tout cas, le groupe voulait jouer avec les codes de la censure en mettant un rectangle noir sur le visage de la fille… Il a été servi.

Bow Wow Wow est un groupe anglais qui a sorti son premier album en 1981. Celui-ci portait le titre de « See Jungle! See Jungle! Go Join Your Gang, Yeah. City All Over! Go Ape Crazy« . Il aurait du arborer une photo plagiant le « Déjeuner sur l’herbe », de Manet, avec les musiciens reproduisant les personnages du tableau. Problème, Annabella Lwin, la chanteuse, qui apparait nue au premier plan (mais sans laisser voir aucune partie intime) n’a que quinze ans. Sa mère porte plainte. La pochette est interdite et remplacée par une autre, utilisant une photo de la même séance mais sans nudité. Quant à la photo interdite, elle sera réutilisée l’année suivante pour le maxi 45 « The Last of the Mohicans » sans que cela pose le moindre problème.

« The Electric Spanking of War Babies » est le treizième album de Funkadelic, le groupe de George Clinton.
Sa pochette représentant un vaisseau spatial en forme de phallus et contenant une spationaute nue a été censurée de manière assez basique : une large zone verte est venue recouvrir la plus grande partie de l’image, transformant une très belle pochette en une merde sans intérêt.

Roger Waters peut, avec son premier album solo, The Pros and Cons of Hitch Hiking (1984), concourrir dans la catégorie des censures les plus ridicules de l’histoire de la musique. Sa pochette très sage (pour les canons de la morale des années 80) a quand même réussi à irriter des obsédés sexuels refoulés qui ont exigé de cacher les fesses affriolantes d’un classique rectangle noir.

Beaucoup plus audacieuse était la pochette de Skylarking, l’album publié par XTC en 1986. La photo montrait un pubis féminin en gros plan avec quelques fleurs mêlées à la toison. Le verso montrait la même photo avec un sexe masculin à la place. Cette pochette a du attendre 2010 pour pouvoir enfin retrouver sa place, ayant été censurée dès le début. Il faut dire que le disque contenait aussi une chanson intitulée « Dear God », qui provoqua également une polémique (surtout aux Etats-Unis ») car elle contenait une phrase disant « As tu créé l’humanité après que nous t’ayons créé ? » Originalement face B d’un single, « Dear God » ressortit en 1987 comme face A avec une pochette qui, elle, avait de quoi faire jaser !

Personnellement j’adore cette pochette de l’album du groupe Uncle Sam « Heaven or Hollywood » (1987). Je la trouve terriblement troublante sans être vulgaire. Tout le monde ne partage pas mon avis. Une première censure a consisté à rhabiller la belle. Visiblement le bikini restait trop suggestif. Certains censeurs ont exigé de mettre un cache.

Guns n’Roses fait partie de ces innombrables groupes qui ont pâti de la pudibonderie des grandes chaines de magasins des Etats-Unis, ou plutôt de la supposée pudibonderie de leur clientèle. Plusieurs magasins ayant refusé de vendre l’album Appetite for Destruction (1987) sous sa pochette originale, il a fallut en créer une version alternative, qui est malheureusement devenue la plus connue et celle qui a été la plus diffusée. Dans sa première version, le propos du groupe était le suivant : le robot agresseur serait une représentation du système industriel en train de violer la société et l’environnement. L’image fut finalement reléguée à l’intérieur du livret. Au départ, la première idée du groupe avait été d’utiliser comme pochette une pochette de la navette spatiale Challenger en train d’exploser. « Trop mauvais goût » avait fait savoir la compagnie Geffen pour justifier son refus.

Pour s’offusquer de la pochette de l’album « Open Up and Say…Ahh! » (1988) du groupe Poison, il faut vraiment avoir l’esprit mal placé. Tout au plus le bureau de censure aurait-il du se dire : « Quelle pochette ridicule ». Pour une fois, le ridicule a tué.

La version avec les sein nus de la pochette de l’album « Mother’s Milk » (1989), des Red Hot Chili Peppers, n’a jamais été publiée. La photo a par contre été utilisée sur des affiches. En revanche, on a ici un intéressant exemple de censure d’une pochette déjà censurée. Le rajout d’une rose en guise de cache-téton ne suffisait visiblement pas à certains. Il a fallut imposer le traditionnel rectangle noir.

Sur la pochette de l’album de Jane’s Addiction « Ritual de lo Habitual » (1990), ce n’est pas vraiment l’image censurée qui est intéressante. On y voit une chatte, certes, mais dessinée de manière assez naïve et pas spécialement en évidence. C’est la réaction du groupe qui vaut le coup. Sur la pochette de remplacement, ils impriment le texte du premier amendement de la constitution des Etats-Unis sur la liberté d’expression. Aux Etats-Unis, on a le droit de parader en uniforme nazi et de réclamer l’extermination des Noirs ou des Juifs, mais pas de dessiner une chatte sur une pochette de disque.

Autre réplique cocasse de la part du groupe Chumbawamba pour son album de 1994 « Anarchy ». Leur pochette montrant la tête d’un nouveau-né en train d’émerger du vagin de sa mère a été remplacée, après censure, par une ridicule photo montrant des roses sur fond neutre.

Qu’est-ce qui a le plus outré les censeurs sur la pochette de « Amorica », l’album du groupe The Black Crowes publié en 1994 ? Les poils du pubis qui dépassaient du slip ou bien le maillot de bain en drapeau des Etats-Unis ? Les paris sont ouverts.

 

 

 

4 Commentaires

  1. Lyoko

    Extra ton post ! Il y a aussi Some Girls des Stones on Marilyne a était grossièrement effacer.

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    1. ace (Auteur de l'article)

      Merci pour l’info. Je vais l’ajouter.

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  2. jojo

    T’es sûr qu’elle s’émancipait la jeunesse ? Quand est-ce qu’elle s’est émancipée de la propriété privée la jeunesse ?

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    1. ace (Auteur de l'article)

      Eh ben faut demander à ceux qui sont partis élever des chèvres dans les Cévennes (j’en ai connus)

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